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Filmer le Struthof (DNA)

mercredi 24 mars 2004, par La cavale

Filmer le Struthof

Robin Hunzinger filme jusqu’au 31 mars sur le site du camp de Natzwiller-Struthof. Le documentaire de 52 minutes porte sur la mémoire du lieu. Où, il y a 50 ans, le 29 mars 1954, le préfet Paul Demange, àla tête d’une délégation officielle, mit le feu.

Le tournage du documentaire de Robin Hunzinger se poursuivra jusqu’au 31 mars sur le site du camp de Natzwiller-Struthof.(Photo DNA - Cédric Joubert)

« Je travaillais sur un autre film quand je suis tombé par hasard sur des photos où on voit le préfet approcher une flamme d’une baraque. Ceci m’a interpellé  », explique le cinéaste. La raison officielle de cette "purification par le feu", expression de la presse de l’époque ? Le mauvais état des baraques. Seules subsistent quelques bâtisses témoins, dont celle abritant le musée, incendié en 1976 et reconstruit ensuite. Comme d’autres vestiges de ce camp de concentration, le seul àavoir été implanté par le pouvoir nazi en territoire français, dans l’Alsace annexée de fait.
Le film « relate l’enquête autour de l’élaboration de la mémoire de ce lieu et sur son mode de fonctionnement contradictoire. En effet, le camp du Struthof impose par sa présence, la trace et le souvenir d’un événement. Mais celui-ci a été en partie détruit et reconstruit par l’Etat  ». Le cinéaste a filmé dans les locaux de l’Est Républicain et des Dernières Nouvelles d’Alsace, àla recherche des archives. Pour savoir comment la décision de suppression de la quasi-totalité des baraques du camp fut expliquée et interprétée.

« Conserver les baraques  »

Hier, Roger Frey, ancien déporté au Struthof, a dit son sentiment : « Je pense qu’on aurait dà» conserver les baraques. Ou au moins, sur les stèles, où figurent les noms d’autres camps, inscrire leurs numéros.  » Il regrette aussi que d’autres détenus, accusés de collaboration, aient été jetés au Struthof àla Libération : « Personne n’a pris la peine de relever ce que les déportés avaient griffonné sur les murs. Il aurait fallu respecter les lieux  ». Des habitants de la vallée de la Bruche et des Vosges ainsi que l’historien Robert Steegmann, s’exprimeront aussi.
Le film, coproduit par France 3 Alsace et la société AMIP, sera diffusé sur la chaîne régionale en janvier 2005. France 3 Alsace est confortée par la bonne audience des films liés àla période 1939-1945 : le dernier, « Les oubliées de l’histoire  » (adaptation théâtrale de la biographie de Pierre Seel) a captivé entre 55 000 et 60 000 téléspectateurs.

Marie Brassart-Goerg

Dernières nouvelles d’Alsace, mercredi 24 mars 2004